Santé
Est-ce que l’on va faire revenir un médecin près de chez moi ?
SELON
Le NFP prévoit de “réguler l’installation des médecins dans les déserts médicaux” et de “rétablir des permanences de soin des soignants libéraux dans les centres de santé”.
Il est en cela cohérent avec sa position lors du vote de la dernière loi visant à améliorer l’accès aux soins, ou il a soutenu la régulation du nombre de médecins dans les zones déjà bien pourvues, pour un rééquilibrage avec les déserts médicaux.
SELON
Ensemble promet le doublement d’ici 2027 du nombre de médecins formés, l’accès dès cet été de chaque Français à un médecin de garde à moins de 30 minutes du domicile et la délégation de certains soins à des personnels autres que médecins. Ces mesures sont en fait déjà largement déployées depuis 2017. La proposition d’avoir “un médecin à moins de 30 minutes” pour tous dès cet été mériterait d’être détaillée pour être crédible. La proposition d’autoriser des professionnels autres que médecins à faire des actes médicaux simples est intéressante, mais n’améliorerait pas la situation dans les endroits où il n’y a ni pharmaciens, ni infirmiers, ni opticiens.
SELON
Les Républicains n’ont pas à ce stade annoncé de mesures spécifiques dans le domaine de la santé pour les législatives 2024. Leur programme des présidentielles 2022 prévoyait un grand plan de lutte contre la désertification médicale en augmentant le nombre de professionnels de santé formés. Mais le groupe les Républicains a par ailleurs voté contre la régulation de l’installation des médecins dans les zones les mieux pourvues en soignants, qui aurait pu contribuer au rééquilibrage entre territoires.
SELON
Le RN souhaite réduire les fractures territoriales pour lutter contre les déserts médicaux, mettre en place une rémunération spécifique des consultations pour les médecins en zones rurales et augmenter les places de formation en médecine. Mais la plupart de ces mesures ont déjà été mises en place. Le RN a par ailleurs voté contre la proposition de réguler l’installation des médecins dans les zones déjà bien pourvues. Le programme publié en juin 2024 ne retient que l’augmentation des étudiants en médecine et une incitation au retour des médecins et infirmiers partis en retraite.
Est-ce que l’hôpital public aura les moyens de fonctionner ?
SELON
Le programme du NFP prévoit de conditionner l’ouverture de cliniques privées à leur participation à la permanence des soins et à la garantie d’un reste à charge zéro. Cette mesure est précise et permettrait de soulager le fonctionnement de certains hôpitaux.
Il propose aussi d'engager un plan de recrutement des professionnels du soin, tout en revalorisant les métiers et les salaires. L’enjeu est de savoir si les revalorisations suffiront à trouver suffisamment de professionnels pour couvrir les besoins croissants.
SELON
Le programme d’Ensemble pour les législatives 2024 ne fait aucune mention de mesures en faveur de l’hôpital public. Le bilan de la majorité sur ce point est en demi-teinte car si le premier quinquennat a permis d’acter les revalorisations salariales du Ségur de la Santé, les budgets hospitaliers votés pour 2024 apparaissent faibles par rapport aux besoins d’investissement des structures.
SELON
Le programme des Républicains pour les législatives 2024 ne fait pas mention de mesures particulières pour l’hôpital. Leur programme pour la présidentielle prévoyait la “débureaucratisation” de l’hôpital avec un objectif de 25% de réduction des emplois dits “administratifs” par rapport aux autres effectifs hospitaliers. Mais LR ne montre pas comment cette mesure permettrait d’attirer de nouveaux personnels soignants, ni combien de soignants ou de chambres pourraient être ainsi financées.
SELON
En 2022, le parti annonçait un plan de 20 milliards d’euros pour la santé qui intégrait la réduction des effectifs administratifs et la revalorisation des salaires des personnels soignants, sans préciser où trouver les financements. En 2024, le RN prévoit seulement de plafonner le nombre des agents administratifs à 10 % des effectifs des hôpitaux pour dégager des moyens. Mais cette proposition pourrait conduire les hôpitaux à prendre plus de sous-traitants extérieurs ou à confier plus de tâches administratives aux soignants. Si c'était le cas, cette proposition ne dégagerait pas d’économies et compliquerait plutôt le fonctionnement des hôpitaux.
Est-ce que l’accès aux soins sera garanti à toutes et à tous ?
SELON
Le programme du Nouveau Front Populaire prévoit le maintien de l’Aide Médicale d’Etat. Ce positionnement est aligné sur les votes antérieurs des députés qui composent cette union : ils ont voté contre l’amendement sénatorial visant à réduire le périmètre de l’Aide Médicale d’Etat à une aide médicale d’urgence.
SELON
Le programme pour les législatives 2024 ne se prononce pas sur le maintien ou l’évolution de l’aide médicale d’Etat. Lors du vote sur la loi Immigration, il n’y avait pas eu de consigne de vote pour la majorité présidentielle sur ce sujet, montrant une hésitation sur l’aide médicale d’Etat aux étrangers. Sans vouloir la supprimer, Ensemble a plusieurs fois envisagé de la réduire, malgré les conclusions critiques du rapport Evin Stefanini.
SELON
Les Républicains ne mentionnent pas cette mesure dans leur programme, mais ils ont voté pour l’amendement au Sénat visant à supprimer l’aide médicale d’Etat pour la remplacer par une aide médicale d’urgence.
SELON
Le Rassemblement National indique dans son programme pour les législatives 2024 qu’il remplacera l’Aide Médicale d’Etat par un fonds qui ne “couvrira que les urgences vitales”. Les parlementaires RN ont par ailleurs, dans le cadre des débats sur la loi Immigration, indiqué leur volonté de supprimer l’AME pour la limiter à un panier de soins d’urgences
Est-ce que la santé publique sera une priorité ?
SELON
Le programme du Nouveau Front Populaire couvre plusieurs enjeux de santé publique : l’interdiction des polluants éternels (PFAS) ; le développement du sport sur ordonnance ; l’extension du domaine d'intervention de la Miviludes à la santé publique... Cependant, le programme mériterait d’être développé pour indiquer des échéances et des modalités précises.
SELON
La majorité présidentielle n’a pas toujours su tenir tête à certains lobbys (alcool, agroalimentaire…) au moment de prendre des mesures de santé publique. En janvier 2022, Ensemble a voté contre l’interdiction du glyphosate. Depuis 2022, le gouvernement a cessé de soutenir le “Dry January” (mois sans alcool). En 2024, les députés ont également exclu les ustensiles de cuisine de la loi d’interdiction des PFAS (polluants éternels).
SELON
Les Républicains ont voté contre l’interdiction du glyphosate et remettent en cause les mesures du Pacte Vert au niveau européen (comme l’interdiction de la vente de voitures thermiques neuves). Ils ont proposé de décentraliser la politique de santé publique au niveau des régions ou des départements dans le cadre d’une stratégie nationale de santé publique avec le vote d’une loi de programmation par le Parlement. Mais cette décentralisation pourrait fragiliser les politiques de santé publique si elle n’est pas correctement accompagnée. Cela pourrait être le cas, car LR propose par ailleurs des baisses d’impôts.
SELON
Le RN défend des mesures qui affaiblissent la puissance publique dans le champ de la santé. La suppression des agences régionales de santé aurait pour conséquence la perte de compétences indispensables pour la santé publique.Le député Grégoire de Fournas, porte-parole du RN sur les questions agricoles, demande que l’Etat puisse passer outre l’avis des autorités sanitaires pour autoriser la mise sur le marché d’un produit phytosanitaire.